Parcours et inspirations

Ébéniste de métier, Jérôme De Cuyper s’est d’abord passionné pour les percussions d’Afrique de l’Ouest. Cette fascination l’a conduit à la découverte de la kora, dont la sonorité l’a profondément marqué. Il se rapproche alors de ces traditions musicales tout en cherchant sa propre voie.
L’écoute des maîtres Toumani Diabaté et Mamadou Diabaté nourrit son envie de jouer, tandis que son travail du solfège, de l’harmonisation et de l’improvisation enrichit sa pratique.
De cette rencontre naît un parcours singulier, marqué par une curiosité constante et le désir d’inventer de nouveaux horizons sonores.

Créateur d’instruments

Porté par un rêve et une passion profonde, Jérôme imagine et construit ses propres instruments, unissant sa sensibilité musicale à son savoir-faire artisanal. Ses créations — de la kora chromatique à pédales (la Jazzy-Kora) au balafon hybride à résonances modulables — témoignent d’une recherche unique.
Chaque invention naît d’un élan créatif et d’une vision, donnant vie à des instruments où esprit, mains et matière dialoguent pour faire émerger de nouvelles couleurs musicales.

Créations artistiques et musicales

Du solo aux concerts de percussions africaines, en passant par un duo avec une chanteuse et un trio instrumental, Jérôme De Cuyper multiplie les expériences scéniques. Avec son spectacle Musique en Noir & Blanc, il met en lumière ses propres créations instrumentales — la Kora 32 cordes et le Balafon chromatique — dans un dialogue entre cultures africaines et occidentales, enrichi d’une boîte à musique qui ajoute une dimension poétique et surprenante. Ses recherches sonores se prolongent aujourd’hui dans les possibilités de cette kora chromatique, qui mettent en valeur sa Jazzy-Kora et ouvrent de nouvelles couleurs musicales.

Une vision musicale

Ses instruments, façonnés de ses mains et de son esprit, incarnent sa démarche : créer des ponts entre les cultures et ouvrir de nouveaux horizons sonores.
Dans son univers, l’écoute devient dialogue — tout comme dans la tradition des griots, où la musique porte autant la mémoire que la création.

Biographie et univers musical de Jérôme De Cuyper

De la percussion ouest-africaine à la kora

Quand l’ébénisterie rencontre la musique

Entre scène, recherches et collaborations

Entre mémoire et invention

— Créer n’est pas seulement une activité : c’est une manière d’apprécier cette vie. Depuis toujours, j’ai cette conviction que l’on est venu sur terre pour inventer, transformer, chercher des formes nouvelles. À part la nature, tout ce qui nous entoure est création humaine.

— Mon parcours d’ébéniste m’a transmis la rigueur et le perfectionnisme qui me caractérisent, et qui me guident aujourd’hui dans la lutherie et la musique. Chaque instrument que je crée est le fruit de ce double héritage : une exigence du goût pour le détail et une quête sonore, entre mémoire et invention, dans deux univers différents mais habités par la même exigence.

— On m’a souvent dit que je m’intéresse surtout à ce qui paraît compliqué, parfois même impossible. C’est peut-être vrai : c’est dans ces défis que je trouve l’élan de créer. La Jazzy-Kora en est l’exemple, née d’un rêve qui semblait irréalisable.

— Brevet, commerce, propriété ? Ce n’est pas ma voie. Déposer un brevet, c’est figer, verrouiller, mettre un prix sur quelque chose qui devrait continuer à évoluer. Et puis, à qui les luthiers d’aujourd’hui versent-ils des droits pour les génies anonymes qui ont inventé la kora ou le balafon il y a des siècles ? À personne. Moi, je préfère passer mon temps à créer d’autres instruments ou de nouvelles musiques, plutôt qu’à protéger mes idées derrière des murs juridiques.

— Je n’ai pas l’intention de vendre mes instruments : ils sont mon langage, mon terrain de recherche, ma manière d’être original aussi bien dans la matière que dans le son. Leur rôle n’est pas d’être multipliés, mais d’exister, de vibrer, d’accompagner mes compositions et mes improvisations.

— Peut-être simplement ça : une série de notes qui jaillissent en une fraction de seconde dans une improvisation. Parfois ça s’harmonise, parfois ça grince. Mais c’est ce déséquilibre qui donne de la singularité aux créations. Bon… je crois qu’il est temps d’arrêter de discuter avec moi-même sinon je vais finir par me contredire!

« Pourquoi crées-tu ? »

« Qu’est-ce qui t’a guidé dans cette voie ? »

« Tu sembles attiré par la complexité… »

« Et le brevet, la propriété ? »

« Tes instruments sont-ils faits pour être diffusés, vendus ? »

« Alors, finalement, qu’est-ce que la création pour toi ? »

La kora traditionnelle et la Jazzy-Kora : dialogue entre héritage et invention

La kora, souvent dite « traditionnelle », est un instrument emblématique d’Afrique de l’Ouest, lié à l’histoire des griots, porteurs de mémoire et de récits. Longtemps transmise oralement, elle compte généralement 21 cordes accordées dans des modes propres aux cultures mandingues.

Mais la kora n’est pas figée : au fil du temps, elle a elle aussi évolué. L’accordage à 440 Hz s’est imposé sous l’influence occidentale, de nouvelles harmonies se sont développées, et la plupart des joueurs utilisent désormais des mécaniques de guitare pour tendre les cordes. La tradition s’est donc transformée par métissage, témoignant de la vitalité de l’instrument.

C’est dans ce prolongement qu’est née la Jazzy-Kora, conçue et fabriquée par Jérôme De Cuyper. Avec ses 32 cordes et ses deux pédales, elle offre une véritable modulation chromatique, ouvrant l’instrument à d’autres langages : jazz, musiques du monde ou composition contemporaine.

La Jazzy-Kora ne cherche pas à remplacer son aînée mais à prolonger son histoire, en créant un pont entre mémoire et invention, entre l’Afrique et l’Occident, entre la tradition vivante et l’exploration sonore.

Le X-Bala : deux instruments en un

Le balafon traditionnel est un instrument à lames de bois, présent dans de nombreuses traditions musicales d’Afrique de l’Ouest. Selon les régions, il peut être accordé de manière pentatonique ou diatonique, offrant des couleurs sonores variées et caractéristiques. Ses lames, positionnées au dessus de calebasses équipées de membranes, produisent un timbre à la fois chaleureux et percussif, reconnaissable entre mille.

Le X-Bala, conçu par Jérôme De Cuyper, reprend cette essence tout en ouvrant un nouvel espace sonore. Doté de 25 lames, courbées, il intègre un système de pédale permettant d’obturer ou non les membranes des calebasses. Ainsi, l’instrument peut tour à tour sonner comme un balafon traditionnel ou se rapprocher des timbres du xylophone et du marimba.

Ce dispositif ingénieux réunit deux instruments en un seul, offrant une palette de couleurs musicales élargie. Fidèle à l’esprit des traditions tout en se tournant vers de nouveaux horizons, le X-Bala incarne une approche créative où innovation et mémoire dialoguent en permanence.

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