« Pourquoi crées-tu ? »

Découvrez pourquoi je crée des instruments, entre lutherie et quête sonore, mêlant mémoire et innovation.

Jérôme De Cuyper

9/13/20252 min temps de lecture

Ampoule avec ciel étoilé pour représenter la création d'instruments de musique
Ampoule avec ciel étoilé pour représenter la création d'instruments de musique

« Pourquoi crées-tu ? »

— Créer n’est pas seulement une activité : c’est une manière d’habiter cette vie. Depuis toujours, je sens que nous sommes venus sur terre pour inventer, transformer, chercher des formes nouvelles. À part la nature, tout ce qui nous entoure est le fruit d’une création humaine. Créer, c’est prendre le temps, laisser la pensée évoluer, poser les mains sur la matière, écouter ce qu’elle murmure. C’est une manière de résister, mais aussi une façon d’espérer.

Souvent, c’est dans la contrainte que la création prend toute sa force. Avec peu de moyens, l’imagination s’aiguise, et le manque devient richesse. L’Afrique en est un exemple éclatant.

« Qu’est-ce qui t’a guidé dans cette voie ? »

— Mon parcours d’ébéniste m’a transmis la rigueur et le perfectionnisme qui me caractérisent, et qui me guident aujourd’hui dans la lutherie et la musique. Chaque instrument que je crée est le fruit de ce double héritage : une exigence du goût pour le détail et une quête sonore, entre mémoire et invention, dans deux univers différents mais habités par la même exigence.

« Tu sembles attiré par la complexité … »

— On m’a souvent dit que je m’intéresse surtout à ce qui paraît compliqué, parfois même impossible. C’est peut-être vrai : c’est dans ces défis que je trouve l’élan de créer. La Jazzy-Kora en est l’exemple, née d’un rêve qui semblait irréalisable.

« Et le brevet, la propriété ? »

— Brevet, commerce, propriété ? Ce n’est pas ma voie. Déposer un brevet, c’est figer, verrouiller, mettre un prix sur quelque chose qui devrait continuer à évoluer. Et puis, à qui les luthiers d’aujourd’hui versent-ils des droits pour les génies anonymes qui ont inventé la kora ou le balafon il y a des siècles ? À personne. Je préfère passer mon temps à créer d’autres instruments ou de nouvelles musiques, plutôt qu’à protéger mes idées derrière des murs juridiques.

« Tes instruments sont-ils faits pour être diffusés, vendus ? »

— Je n’ai pas l’intention de vendre mes instruments : ils sont mon langage, mon terrain de recherche, ma manière d’être original aussi bien dans la matière que dans le son. Leur rôle n’est pas d’être multipliés, mais d’exister, de vibrer, d’accompagner mes compositions et mes improvisations.

« Alors, finalement, qu’est-ce que la création pour toi ? »

— Peut-être simplement ça : une série de notes qui jaillissent en une fraction de seconde dans une improvisation. Parfois ça s’harmonise, parfois ça grince. Mais c’est ce déséquilibre qui donne de la singularité aux créations. Finalement, créer est un art de vivre, une énergie qui traverse chaque domaine de l’existence et nous relie au sentiment d’être utiles.

Bon… je crois qu’il est temps d’arrêter de discuter avec moi-même, sinon je vais finir par me contredire !