De la kora traditionnelle à la Jazzy-Kora

La naissance de la Jazzy-Kora

Les premières fois que j’ai entendu de la kora traditionnelle, c’était à travers les jeux de Toumani Diabaté et Mamadou Diabaté. J’ai eu l’impression d’entrer dans un monde à la fois ancien, moderne et presque transcendantal, un univers sonore qui prend aux tripes et ouvre l’imaginaire. Avec sa grande calebasse recouverte d’une peau tendue et ses 21 cordes, la kora m’est apparue comme un instrument presque inaccessible. Pourtant, l’envie d’essayer, puis de construire, a fini par prendre le dessus.

C’est ainsi qu’après avoir fabriqué une première kora à 32 cordes et développé un jeu plus singulier tout en gardant l’esprit propre à la kora, j’ai eu envie — comme d’autres luthiers avant moi — d’aller plus loin : créer une vraie kora chromatique, et non une kora simplement équipée de leviers demi-ton.

Unique au monde, la Jazzy-Kora se distingue par sa caisse et sa table d’harmonie en bois, percées d’ouïes à la manière d’un violoncelle ou d’une contrebasse. Avec ses 32 cordes et ses deux pédales, elle ouvre l’instrument à d’autres horizons : le chromatisme, mais aussi des effets proches des bends de la guitare, qui élargissent encore le champ des expressions possibles. Les pédales deviennent ainsi une véritable extension du jeu, reliant mains et pieds dans un même geste musical.

La Jazzy-Kora n’est pas là pour remplacer son aînée, mais pour prolonger son histoire : un pont entre mémoire et invention, entre Afrique et Occident, entre tradition vivante et exploration sonore. Elle est née d’un rêve qui semblait irréalisable, devenu réalité entre mes mains… et mes pieds ! Une réalité qui, je l’espère, continuera de vibrer et d’évoluer longtemps.